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Autobiographie « D’une mère bretonne, d’un
père privé du nom de ses ascendants, je suis née adulte, avec peu de souvenirs
d’enfance. Collée à la pâle lumière des banlieues, je n'ai pensé qu'à devenir
quelqu'un d'autre, sur une scène... Remarquée par Jean-Marie Houdoux,
Gérard Klein, mes dix-huit ans m'emmènent à Paris et me font quitter ma
famille. Je commence un périlleux chemin, sans le savoir; les claques
retentissent sur mes joues de vieille adolescente, dans la réalité décevante
où, debout dans mon 34 ½, je regarde passer ceux qui savent ou ceux qui
réussissent. Je rencontre Francois Simon Bessy qui m'apprend tout. Après Pathé
Marconi et Claude Pascal qui m'éditent, Eddie Barclay, me prenant pour une
star, me signe sept ans. Il y croit et casse mon premier enregistrement jugé
trop ordinaire. Francois est écoeuré, je n'y comprend rien, Jean Renard le
compositeur non plus. Léo Missir, entre deux rendez-vous avec Mireille Mathieu
et Nicoletta, me console. Je me fais "relooker" par Marie Martine,
coiffer par Alexandre. Les attachées de presse et autres directeurs artistiques
sont les seuls miroirs de mon existence, mais terrorisée par leur présence,
leurs regards posés sur d'autres , ma naïveté m'entraine vers une attente de
sept années dans les couloirs de cette maison. J'attends la chanson qui
n'arrivera pas. Et puis, un jour, une comédie
musicale à l'Espace Cardin, dont le couturier séduit par cette voix, signera
trente représentations. Hélas, c'est un flop!! "Je fus cet enfant-là"
ne grandira pas. La critique est dure, j'y échappe. Le titre phare "Quand
le Jour Arrive" (Jack Arel) connaît un tout petit succès d'estime. Les
années 70 me voient grâce à Claude Pascal m'envoler pour tous les pays : bête à
concours, je gagne les festivals, notamment le grand prix au "Yamaha Song
Festival" à Tokyo en 1971. Je perds l'Eurovision en 1973...
J'ai honte. Je pleure les touches noires et blanches où régnait le bout des
mains boudinées de Marie-Claire. J'envie cette voisine, dans cette zone
pavillonnaire où la résonance de "La Lettre à Elise" longe encore la
rituelle allée des tulipes, rejoignant ma chambre au collège. Obsédée, je
commence à composer des trucs sur un Elka. En 1979, un album est prêt. A notre
retour d'Angleterre, Polydor, devenue ma Mecque, et René Guitton, sont subjugués
par onze minutes d'une chanson que j'appellerai "Ma confession".
Thomas Noton, sans lequel rien n'eut été possible, plus que boutiste, d'un
talent imposant sa discrète élégance, son oreille infaillible de guitariste
écossais, plus roux que l'Ecosse elle-même quand elle est automnale et que les
cornemuses avancent leurs kilts guerriers et nobles... Cet homme authentique,
respectueux, intransigeant, me galvanise. Il occupe bientôt le poste de chef de
produit chez Polydor, tandis que Jean-Max Rivière (X Music), éditeur, aura lui
le courage de plonger dans sa bourse pour trouver les finances nécessaires.
Après un beau succès d'estime, le deuxième album va contenir ce qui
représentera le tournant de ma vie : "Solitaire". En 1981, une artiste américaine,
Laura Branigan, entend le titre sur un plateau TV belge et décide illico de
passer à l'enregistrement. Jacques White est alors son producteur. Lorsque
Thomas reçoit le master outre-Atlantique, il est transporté de joie car ça
tourne, comme à l'époque, dans les meilleures productions. Nous sommes en 1985,
moi, je n'imagine même pas, ni n'envisage ce qui va arriver. Il y aura plus de
quinze versions chantées, instrumentales (Paul Mauriat) dans le monde et il en
sera vendu plus de deux millions et demi de copies. J'écrirai l'album de la
star italienne Milva pour le marché allemand. Les vents se font alizés, les
ventes douces et faciles, environ 450 000 exemplaires : les TV se font moins
rares pour moi. L'insomniaque que je suis me prive de l'énergie nécessaire quelquefois
(Michel Drucker en sait quelque chose !). Bref, je ne chante pas vraiment
comme je le voudrais. Depuis 1974, la scène à toujours été présente: Michel
Sardou, Julien Clerc , Joe Dassin, Carlos, Herbert Léonard, Patrick Sébastien,
Claude Francois... Mais ça, c'est une autre histoire merveilleuse. Une belle
amitié jusqu'à sa mort, entamée deux ans et demi avant, une seule et unique
dispute, canon ! Et puis le studio B à Davout, les scènes fabuleuses et les
mini fringues. Le duo " Quelquefois", la franche platine sous les
yeux, un Claude attentif à ne pas humecter ses lèvres et à ouvrir suffisamment
son regard hypnotisant. Claude projette d'enregistrer l'un de mes titres
"Il Reviendra" et de me produire. Mais le mythe s'éteint. Marie Laforêt, enregistrera la
chanson parolée par Jean-Pierre Lang. La sautillante vibration de cet ange
démon, cette blanche Mozartienne, rythmée de l'Egypte à l'Amérique me manquera
toujours. Ce qui m'amène à parler de Bernard Estardy, c'est qu'outre sa
collaboration avec Claude Francois, il est pour beaucoup dans le succès de
"Solitaire". C.B.E., St André des Alpes :
Bernard y donne son génie à la moitié des artistes. Qui ne doit pas quelque chose
à l'éloquence de sa fougue, quand, dans une telle facilité, les problèmes n'ont
plus que des solutions. L'extrême artiste qu'il est, est sans appel et n'a
d'égal que sa capacité d'écoute. Il répare les catastrophes, les ratages et
nous fait des voix d'or. Comment peut-on être si doué? 1987/88, les maxi 45 tours
apparaissent dans ma discographie. Ca et là, je chante en anglais, en allemand,
en japonais; Henri Bellolo me conseille New York. La musique française frileuse
du vent anglophone ne songe qu'à faire aussi bien. Mais les tournées
californiennes ou new-yorkaises sont infaisables, il faut faire français! Un
point c'est tout! Sommes-nous si orgueilleux de ce que nous savons faire? Cette
réflexion a bien peu de poids lorsque l'événement le plus inattendu, le plus
cruel d'une vie, m'envoie au tapis... Ma fille Kim, cinq ans et demi, est atteinte
d'une leucémie lymphoblastique, lorsque je donne naissance à Julie, ma seconde
fille. Kim se bat contre la maladie et, avec la chimio, entre bientôt en
rémission. Kim mettra sept années à guérir. Je travaille alors pour l'excellent
Herbert Léonard. Je lui ai toujours voué une passion - sa voix unique dans
"Quelque Chose en Moi Tient Mon Coeur" va me faire oublier tous les
autres : j'ai alors douze - quinze ans. Longtemps après, quinze titres
enregistrés, un duo "L'été de Tous les Plaisirs" avec l'ami Jeff
Barnel. Pendant ces années 90, je rencontre Francis Basset, le créateur de
"Tue-moi" chanté par Florent Pagny. Pour moi, le plus doué de tous,
le désespéré aux calembours bucoliques, jamais vulgaire, cet écorché voyou, ce
sensible, grand et sec, mord le vers comme un gosse famélique, trouvant des
réponses hallucinantes de précision dans l'écriture de nos vies... De la vie.
Une de ces personnes dont on voudrait graver dans le marbre le moindre de ses
propos. Il parole cinq titres pour Herbert Léonard. 2000. Ma vie éclate. Les dégâts sont
importants. Cellule familiale foutue ! 2001, construction de mon home studio,
et là, je rencontre un homme d'une grande rareté : Francois Castelot, batteur,
ingénieur du son, arrangeur, créateur, quel artiste ! 2004/2005, nous travaillons ensemble
sur un nouvel album". Menu rapide
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